Gafa et indépendance des médias au cœur des propositions présidentielles

Publié le 14/03/2017
Par Marie Grenouilleau

Lors des dernières rencontres de l’Udecam, les principaux candidats à la présidence se sont exprimés sur leur vision du marché de la communication & des médias. Deux mois avant le premier tour, chaque candidat (ou représentant) disposait de 10 minutes pour présenter son programme et ses ambitions. Focus sur 3 principaux constats.

Une hégémonie inquiétante  des Gafa sur le secteur de l’économie numérique 

Nathalie Kosciuzko-Morizet, représentant François Fillon, à expliqué comment Google et consorts dominaient l’ensemble de la chaîne de valeur du digital. « (…) ils rachètent toutes les start-up susceptibles d’être LA plateforme de demain. » avec pour principale conclusion : « L’Europe doit se montrer aussi ambitieuse sur la question du numérique qu’elle l’a été pour celle de l’agriculture, avec la PAC en 1957. »

De son côté, Benoit Hamon, seul candidat présent, a annoncé qu’il imposerait, si élu président deux impôts aux Gafa. Un impôt sur le chiffre d’affaires qu’ils réalisent en France. » ainsi qu’une contribution à la création culturelle via une taxe. » Mikael Sala (FN) souhaiterait quant à lui pouvoir mettre un terme aux stratégies d’optimisation fiscale et veut croire à un arrangement possible avec Google et Netflix.

Une concentration trop importante des médias français

« 9 personnes possèdent 80% des médias », explique Alexis Corbières (Front de Gauche) « il faut refuser cette concentration ! » Benoit Hamon proposerait ainsi une loi « anti-concentration, antitrust et transparence ». De fait aucun groupe ne pourrait avoir plus de 40 % du capital d’un média. A partir de trois titres détenus, ce seuil tomberait à 20 %.

Pour Mikael Sala (FN), l’objectif serait de limiter « la part du chiffre d’affaires qui provient des commandes publiques pour les groupes qui détiennent un titre de presse », afin de leur assurer une indépendance. Le meilleur moyen d’y arriver, selon Benoit Hamon serait de prôner la transparence. « Chaque titre de presse devra révéler ses actionnaires » pour ainsi « favoriser la création d’un « actionnariat » citoyen. Ce qui permettrait l’arrivée de sociétés de médias à but non lucratif pouvant bénéficier du soutien de la banque publique d’investissement ou de dons de particuliers.

Et le CSA dans tout ça ? 

Alors que la plupart des contenus médias sont désormais accessibles via le web, quel rôle pour le CSA ? Si son périmètre d’action se cantonne aujourd’hui exclusivement à la télévision, faudrait il lui donner une part de pouvoir concernant la régulation des télécoms ?

Mikael Sala (FN) envisagerait de transformer le CSA en y réunissant « des professionnels, des représentants du gouvernement et des usagers des médias ».  Selon Alexis Corbières (Front de Gauche) l’unique solution serait de créer « (…) un conseil supérieur des médias qui rassemblerait le CSA, l’Autorité de régulation de la publicité, la commission paritaire des publications et agences de la presse. »

Concentration, taxation des GAFA et rôle du CSA : les candidats sont sur ce point (presque) tous d’accord : il faut réformer ! Encore quelques mois pour en sentir les résultats, patience…

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